dimanche 23 avril 2017

avec Simon Ortner

Le jour de Pâques, la Galerie de Kamila Regent, dans le Lubéron, dénoue le rideau soyeux d’une porte refermée pour l’hiver.. la lumière jaillit, et la nouvelle saison nous étonne toujours, impatiemment.
Le soleil et les étincelles de clarté  sont particulièrement complices pour cette journée rituelle.. le verger ondule sur une mousson de verdures.. les iris, les lilas et les fleurs sauvages se déhanchent avec grâce et naturel finalement..
Sous le poirier, comme d’habitude, la longue table a revêtu ses jupons blancs.. il y a du sirop de sureau, de l’eau parfumée de citron et de gingembre.. les saveurs de chaque année.
Il y a surtout la farandole des gâteaux, traditionnelles cuissons polonaises pétries par Kamila.
Il y a aussi le son de l’accordéon.
La beauté est là, dans ce désir d’offrande et de générosité.

Le premier jour.. jour de rentrée.. la surprise.. de quelles couleurs les murs de la galerie auront-ils été repeints?
Quels artistes auront été invités?..ils sont à nos côtés, soucieux de garder l’ombre, et nous pouvons bavarder avec eux, en une sorte de presque silencieux dialogue. Leurs oeuvres sont là déposées. Soyons attentifs à ne pas oser trop de mots. Je croise le peintre Simon Ortner  Il m’étonne par ses connaissances de la terre.. oui, il est aussi jardinier..

Alors, je déambule dans les corridors, les salons, celui d’en haut, celui de l’étage, rouge et majestueux. Je descends au jardin aussi pour reprendre souffle, me rafraîchir, savourer, échanger avec les uns les autres.

Peu à peu, telle une petite vague de fin de marée, une onde venue d’ailleurs se faufile dans mon être.. je suis seule et les dessins, les peintures, les sculptures.. l’air de rien,  ondulent, ralentissent, avancent, reculent.. l’impression d’une mise en animation en mode ralenti.. oui  « mon »  petit univers se met en place, une sorte de scénographie intérieure, et doucement un peu de presque familiarité se glisse ente nous, les oeuvres et moi, dans le respect immense d’une non appartenance et la sensation tant de fois éprouvée qu’il se passe quelque chose qui déjà m’échappe.

Alors, un petit tableau aux sons mélodieux - oui la peinture à l’huile résonne tellement que son épaisseur et sa présence font presque crisser la toile - se présente à moi dans toute la beauté de sa tenue débarrassée de séduction..
Une sorte de fragilité timide et noblement paysanne, encadre la puissance énorme de ces horizontalités rouges et noires, sombres mais tellement transparentes.. une fenêtre ouverte sur la terre, l’océan, le ciel.. Un point de vue extraordinaire..

Et cette musique je sais, revient d’un ailleurs familier.. peut être celui d’un enfant piochant l’ocre du jardin au son de l’ Angelus tandis que les ombres descendent sur les sillons..
Le tableau est signé Simon Ortner.

Merci pour tant de respect.

Simon Ortner - Paysage, 2017, huile sur toile ©Collection IdL

Simon Ortner - Paysage, 2017, signature au verso  ©Collection IdL




vendredi 21 avril 2017

avec Destinerrance

Fin janvier, le froid était vif et particulièrement malmené par un mistral de grande indécence..

Noël était loin déjà.. Certes, dans la crèche, la mousse avait perdu de sa fraîcheur, les brindilles végétales étaient un peu groggy.. les santons patientaient encore avant de repartir sommeiller dans leurs papiers de soie, au fond de leur caisse en bois qui disparaîtra ensuite au fond de l'armoire.. ma Grand-mère disait leur départ le jour de la Chandeleur.. l’enfance grappille toujours des petites pépites de rituels..

Ce soir là, j’avais convié sur mon plateau de chêne des Amis, des Collectionneurs, des Artistes, des Curieux aussi osant grimper là-haut et dénicher la farandole des oeuvres qui, vous le savez, dansent sur les cimaises de mon appartement ou galopent sur les planches..

Laurent Baude proposait ses sculptures et ses dessins récents.

Des petites ripailles et le vin du frère, " Tout va bien ", retenaient doucement les passants.. Une petite fête en intention artistique. J’apprécie ces instants particuliers, à l’écoute des étonnements, à l’affût des regards attentifs ou un peu désarçonnés.. Il se crée ainsi un réel lieu de rencontres, petits maillons merveilleux pour élargir le minuscule univers de l’art présenté ici, sans artifice..  l’intention juste de proposer!

Je rencontrais alors la responsable du Musée d’Art Contemporain de Châteauneuf-Le-Rouge- ARTEUM.
Un dynamisme étonnant anime cette structure, à la lisère d’Aix-en-Provence..

La nuit était noire depuis longtemps et le froid, derrière les stores affalés, maintenait ses intentions. La plupart des visiteurs avaient redescendu le grand escalier, emmitouflés d’hiver.. et de joie je crois..

Quelques amis prolongeaient doucement la saveur particulière que revêt toujours une fin de soirée.. hésitant à piétiner ces instants fragiles et merveilleux.

Les voix étaient ourlées de ce ton particulier adopté au creux des alcôves, murmurées.. Une sorte de pause.

Je conversais alors avec Christiane et Rindala, totalement et magnifiquement  impliquées dans un projet d’exposition pour ce musée donc, ARTEUM.

DESTINERRANCE..

Ce mot, seul, m’enchanta et m’entraîna si vite sur les sentiers du voyage, de l’ailleurs, de toutes ces intentions, même immobiles, que nous déployons pour tenter de connaître, d’apprendre, de nous tromper aussi.. Une révolution sur nous-mêmes..
Que de jeux de piste, de labyrinthes, de chutes, de marches, de soif et de faim, de soleil et de pluie, de voiles hissées et affalées, de solitude et de foule, de rires et de  larmes ..  pour tenter de pétrir ces «  immenses minuscules «  qui se blottissent dans l’inconnu.. l’inconnu du monde, l’inconnu de soi-même..

Rindala et Christiane m’ont demandé l’autorisation de prêter trois de mes oeuvres pour un voyage à Châteauneuf-le Rouge.. petit village que je n’avais alors jamais pointé sur la mappemonde..

Quel étonnement!! une sélection pour moi semblable à celle élaborée pour les grands prix des pur sangs qui s’alignent derrière les barrières..  des battements d’émotion.. J’étais confuse.. et tellement honorée - oh!! - de ce projet.. Mais oui bien sûr, mes oeuvres iront faire les belles dans ce musée et gratifieront par leur allure l’excellence d’un travail de qualité en préparation.. alors, oui je dis !. une grande fierté se glissa dans les larmes retenues de cette belle conversation..

Ont été nommées :

- Niki de Saint Phalle

- Pierrick Sorin 

- Pip Culbert

Bon voyage vous trois.. mardi je vous empaillerai de papier bulle et de carton d’emballage .. et bien sûr, je vous accompagnerai au Château.. ne pas vous abandonner.. vous prêter pour que d’Autres aussi vous fassent la révérence.. et je reviendrai vous chercher.. je vous garde la place!!