mardi 17 janvier 2017

avec Pavlos Nikolakopoulos

Paréidolie, un nom étrangement complexe, certes, mais il est  l’appel d’un événement magnifique au château de Servières, à Marseille.. Pareidolie, un mot empli de voyelles et difficile me direz vous à retenir et surtout à expliquer.. Pour apaiser nos  inquiétudes, je citerai que L’identification de visages dans les nuages est un exemple classique de paréidolie.
Paréidolie est donc le nom ô combien savant du Salon du Dessin Contemporain de Marseille. Le mois d’ Août s’échappe doucement.. la chaleur demeure toujours cette sorte de pâte épaisse qui alourdit l’air.. les éventails, mi masques de festival, mi accessoires improvisant un semblant de courant d’air, ondulent devant les visages. L’humeur est joyeuse ce matin là, une joie particulière qui se dandine au creux des espaces des galeries sélectionnées pour l’évènement.

Je sais que je vais découvrir de nouvelles oeuvres. Je suis surtout attentive à arpenter calmement les lieux.. retenir mon souffle aussi pour mieux accueillir les émotions qui, inévitablement,se faufileront ici et là.. je retrouve " mes " galeries, celles qui dévoilent toujours des oeuvres sur papier qui, très vite, établiront une réelle complicité avec moi..
Je retrouve aussi les habitués, les visiteurs toujours fidèles à cet événement de la fin de été. Les visages sont légèrement tapissés d’un voile "  bonne mine "  subtil et flatteur dérobé à l'éclat des mois écoulés..

Je m’approche de la Galerie Analix Forever. Barbara Polla est là. Barbara est un sourire immense, une silhouette à la présence élégante et féminine. Elle m’accueille avec "  tout ça ".. L’année précédente, nous avions déjà eu une première rencontre, une de ces rencontres silencieuses dont les gestes, le regard disent tout ce que des mots à ce moment là auraient ébouriffé.
Je savais déjà que la sélection de ses artistes se glisserait directement dans les tiroirs de mes préférences, ma " préférence " étant ce je ne sais quoi qui, sans préavis aucun, active une sorte de fil électrique invisible entre l’œuvre et moi.. foudroyée !
Une zébrure émotionnelle m’installe  devant une œuvre, m’immobilise.  J’enfouis mon regard au plus profond des strates du dessin, de l’épaisseur du trait, de l’harmonie des mines de couleur.. puiser dans l’invisible de mon être ce que le trait a glissé..  peut être une révélation ? je ne sais.. mais un dialogue, prolongement de ma pensée - ou plutôt de mon désir - s’impose et je ne peux, en aucune façon, abandonner ce dessin si particulièrement relié aux cimaises par ses pinces noires.

Ce dessin, disons alors " mon dessin ", me parle d’équilibre, cette droite oblique - rouge et noire -  qui est depuis longtemps ma position sur cette planète.. mon échelle d’intention.. gravir et, quelquefois aussi, glisser un peu, reculer mais toujours lutter pour avancer.. L’œuvre est sans surcharge, débarrassée des encombrants.. Elle est magistrale dans son élégante dignité de dépouillement. Elle est l’oeuvre de Pavlos Nikolakopoulos, de la  Grèce. Le blanc.
Dans un coin, noires et discrètes, quelques marches.. gravir encore, même à l’écart.

Pavlos Nikolakopoulos © Collection IdL