jeudi 13 juin 2013

avec Wilhelm Junglas

Un petit village des Alpilles, discret.. là des amis en une belle demeure solide, face à la poste.. de l'autre côté de cette tranquillité villageoise, un bistrot de renommée, " une institution " de retrouvailles et de joyeuses ripailles ! Nous faisons tous escale un jour ou l'autre en cette auberge.. pour l'appétit, pour le sourire du patron, pour une partie de pétanque amorcée sous les platanes.. pour libérer le temps..

Une maison donc, belle et fleurie, des espaces généreux et une cave soignée..
Une pièce voûtée, immense et majestueuse, accueille régulièrement des musiciens, des artistes.. des amis qui demeurent attentifs à l'art! des rendez-vous toujours très élégants !!

L'artiste Wilhelm Junglas accroche, en cette année 2013, ses oeuvres, patiemment élevées sous l'enclume de son atelier, le facteur temps complice de la trace, de l'empreinte, de la perturbation du métal ainsi exposé à la lenteur. L'artiste intervient.. fer, rouille, émail.. une force maîtrisée pour redessiner les silhouettes des villages environnants, des profils.. l'étonnant équilibre, toujours, entre le fer, support de poids habillé de rouille, massif et martelé, et la fragilité, la légèreté de la ligne.. le trait sculpté dans le métal!!
Lourd et fragile.
Dehors, sous les denses feuillages des platanes, une balançoire ondoie.. à quelques pas, au verger, des tomates murissent, le soin discret du jardinier en intention majeure !

Je ne fus pas au vernissage.. Attendre la sérénité d'un jour ordinaire pour vagabonder en ces espaces et rencontrer ce Portrait de jeune femme.. ce panneau de rouille est là.. aussi pour la  traîne immaculée qui danse sur le fer !!

Force et fragilité

Portrait de jeune Femme, 2013 par Wilhem Junglas
 © Collection IdL

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jeudi 9 mai 2013

avec Jörg Langhans

Jörg, une rencontre sur le chemin, celui que j'arpente dans le calme et le silence.. un chemin personnel, lumineux et escarpé.. il me conduit vers des êtres drapés d'art, magnifiques! des improvisations permanentes!

Les écritures viennent alors fagoter nos réflexions sur le portrait, l'image, la nature. Jörg Langhans est nourri des écritures d'Antonin Artaud.. des chapitres qu'il me fait découvrir.. quelle liberté! quel trouble dans mes pensées!!

L'envie de connaître son atelier.. c'est important de pouvoir pousser la porte de ces lieux de solitude, ceux qui protègent l'artiste..la recherche, le doute, l'espoir et la création s'entrelacent..
Prendre le TER vers Angy, hameau paisible de Picardie.. là, en une grosse belle maison/atelier il y a sa femme Isabelle, merveilleuse écrivain, artiste délicate aussi..
Il y a deux petits gars.. il y a un chat.. il y a un poêle qui ronronne.. il y a une table dressée et des effluves magnifiques de chou farci..une bouteille débouchée.. un bien être rare..

Descendre à l'atelier, en rez-de-chassée, posé directement sur le jardin en liberté qui galope.
La térébenthine, le papier, les bouts de papiers noircis de mots, de pensées, de pistes, les couleurs, les toiles pincées sur les cimaises.. et les écorces de bouleau, blanches, sur le sol, sur les planches.. partout le bois nous raccroche toujours à la Nature..les écorces ont sauté sur les toiles, le bois surtout en support.. l'huile leur donne majesté et vie, ressenti et étonnement.. l'envie de chausser des godillots et d'aller battre la campagne, ondulante et sans fard.. raccrocher la vie, dehors, et la vie si belle, en atelier!

Ces oeuvres " des écorces" sont exposées peu après par Nathalie Gaillard, à Paris.
Ce tableau d’écorces de bouleau caressé par de délicates fleurs blanches sera pour moi..

Les fleurs blanches.. sont elles ces Dames de 11h qui s’épanouissaient dans les vignes en fin de matinée ? c'est ma grand-mère qui me le racontait..

L’écorce.. l'habit fragile, la peau..

Jörg Langhans - Sans titre - Huile sur bois, 2012



Jörg Langhans - Sans titre - Huile sur bois, 2012, (Détail)







mercredi 17 avril 2013

avec Raphaël de Villers



Raphaël de Villers.. son atelier en terre champenoise est, je vous le disais, un tabernacle de mille objets inédits.
 Là, en cet abri de fortune historique,  je me dirige vers les caisses taillées sur mesure pour les voyages des céramiques, oeuvres aux contours sculptés, réel travail de dentellière.. des éclats d’émaux soudain ruissellent sur leurs versants déjà tant pétris, tellement emplis de fragments de contes, de messages, d’inquiétude peut-être.. l’inquiétude? fi!! tant ces personnages m’offrent une réelle présence ! de l’esprit, de l’humour.. non ! disons plutôt de la personnalité magnifique, grave et audacieuse !!

Brutalement, sans hésitation aucune, j’adopte ces créatures - elles me tendent les bras -  je ne sais plus.. mais la commande fuse et nous suivrons alors, patiemment, et avec toute la magie qui trimbale les échos de voyages en des ailleurs lointains méconnus et inaccessibles, nous suivrons donc la naissance de  « mes «  personnages, de la terre à la cuisson..
Et, par-dessus tout «  ça «  Raphaël me dira  l’inquiétude impatience de l’artiste à l’ouverture des fours, vastes feux communs, pour recevoir, enfin, l’Oeuvre dont la chaleur a su marteler  les formes et désorganiser quelquefois l’intention du maître.. des improvisations qui nous échappent.. mystère et joie de la surprise !!

Elles sont splendides et tellement présentes mes quatre créatures !! de vrais petit diables !



                            
                                


                                                          




vendredi 8 mars 2013

avec Antoine Rozès

L'hiver commence à abandonner ses audaces de courants d'air et de ciel bas et terne..  ce jour là, un peu de bousculade.. l'azur s'impose et offre au promeneur que je suis le désir merveilleux de dйambuler dans le quartier de St Germain des Près.. certes, ce territoire n'est plus celui, endiablé, de nos philosophes et artistes à l'esprit débordant de mots pétillants et tumultueux et aux inscriptions picturales sans entrave..

Arpenter la rue Bonaparte.. franchir le seuil de la galerie de Pamela de Monbrison, ANOA.
Sur les cimaises, Antoine Rozès a accroché ses tirages impression numérique pigmentaire.
C'est un soir de vernissage et je me faufile, incognito, entre les murs de la bâtisse, demeurant à l'écart et autorisant, seul, mon regard а voyager et oser un dialogue avec ces œuvres au tirage particulièrement travaillé
dans le noir, le noir profond et sans ride, le noir claquant disant avec savoir faire l'ombre et la lumière, le tracés de la peau dégagé de toute exagération..
Il y a a cette photographie, longue et ruisselante.. un bras tendu telle une longue louche, réceptacle d'une eau pure généreuse.. l'idée du ruisseau, de la clarté, de l'eau dans tous ses états, celui de la transparence, du murmure, de l'écho des cascades..  celui d'un antan.. soudain s'infiltre en moi..
Il me revient en mémoire un lavoir et ses bassins de préparation de sulfate de cuivre..
Je sais ce bleu délavé qui ne quittait plus les parois de la pierre.. et l'eau s'infiltrait là, juste là, à proximité, pour autoriser ce travail.. la source!!!.. nous pataugions avec les tétards!!

L'œuvre est juste empreinte de cette fraîcheur, éternelle! une force tranquille..

Rituel Lamelliforme -A d'Antoine Rozes 2013
 © Collection IdL