samedi 1 décembre 2012

avec Andrzej Wrona


Noël 2012

La maison d’art, là-haut sur la colline du Luberon est écrin ô combien étonnant d’œuvres et de créations façonnées dans des matériaux les plus inattendus.. surprise toujours je suis de ces rencontres subites  avec ce travail en Art qui, sans tintamarre, se glisse avec majesté dans l’écrin de ce que je nommerais mes envies, disons presque mes nécessités..

Dans les corridors de cette maison, des bustes polychromes taillés dans des blocs de bois par Andrzej Wrona, blocs massifs à la présence puissante et délicate, des bustes donc se baladent, tels les figurants d’un décor de théâtre, décor juste posé là, sans fanfaronnade.. la présence de ces personnages, la douceur des couleurs.. alors.. oui vite une idée!! offrir à mes quatre enfants - c’est Noël bientôt!! - leur buste taillé dans le bois.. une sorte «  d’arrêt sur image ».
Ils ont 20 ans, 22 ans, 25 ans, 27 ans..
Ils sont là.. et ma main, en passant, caresse encore leur joue..

Ne partez pas ô enfance.. et dansez encore, longtemps..

La ronde du temps tournoie..  ne bougez plus !! le sculpteur a dit !!


Clara 20 ans,
bois polychrome par Andrzej Wrona
© Collection IdL
Arnaud 22 ans
bois polychrome par Andrzej Wrona
© Collection IdL



Edouard 27 ans
bois polychrome par Andrzej Wrona
© Collection IdL
Nicolas 25 ans
bois polychrome par Andrzej Wrona
© Collection IdL

dimanche 21 octobre 2012

avec Pip Culbert

Octobre retient encore ses feuilles, ourlées de rouille et d'or.. les raisins violets improvisent silencieusement l'histoire d'un nouveau cru.. une ivresse pour les soirs de coin de cheminée.. le bois séché repose dans la remise.. la lumière clignote sur une variation moins aveuglante.. les tricots parent les épaules.. et là, au verger de Chambre avec Vue, nous savourons ce temps précieux. Il y a Pip Culbert et Bill. Ils sont magnifiques. Bill kidnappe l'ombre de la bouteille, Pip me parle de tissus, de chemises, de drapeaux, de parures. Pip déshabille le vêtement," la finalité de cette entreprise visant à ne retenir de l'objet que sa face cachée pour n'exhumer que son négatif : les coutures ".

Le tissu.. le coton.. quelle vaste panoplie ! quel ondoiement ! ! il y a ce je ne sais quoi de doudou dans ces matières flottantes !

Nous ne sommes pas dans l'évocation de travaux de dames, de ces heures d'application à mettre en place un patron, face endroit, face envers, droit fil et épingles scellant la matière sur le patron de papier craft..
Non !! Pia vide ! Pip découpe avec minutie et patience le vêtement et n'en retient que les coutures..
D'autres plis..

Pip m’écoute, Pip voit mon mouchoir de coton blotti dans ma main.. le mouchoir.. un objet qui clopine à mes côtés depuis toujours..

Nous avons tous en mémoire des adieux de cinéma en mouchoir agité.. un quai de gare.. l'amour part en voyage.
Et le cher Arthur, travaillant méticuleusement chaque cep de vigne ne portait-il pas sur sa tête ce mouchoir de carreaux pourpres, rustiquement noué au quatre coins ? dame, quelle coiffe !!

Pip désarticulera des mouchoirs.. cent mouchoirs blancs grappillés sur les tréteaux d'une brocante de Saint Cristol.
Les carrés seront lavés et ruisselleront bientôt sur la corde à linge, petits drapeaux improvisés claquant au vent.. des fanions.. certains auront pris des bains de teinture de bleu, d'orangé, de carmin ou de vert..
Ils seront désossés.
Pip glissera ces " ficelles " de couleurs en pochettes.. des séries de deux, de trois, de quatre, des pièces uniques aussi ! Pip dessinera sur la feuille adjacente l'architecture de ces  traces - cette matière - ainsi épinglées au mur..
La sculpture est là, imperturbable et sans pli..
Les ourlets en liberté dansent sur mes murs.. quelle présence !!
Merci Pip !!
Tu as tiré ta révérence cet automne..
Au revoir Pip.

Les petits mouchoirs !

Pip, dans son coeur, La chanson de la Chemise

     Couture et soufflet et col,
     Col et soufflet et couture,
     Jusqu'à ce que je m'endors sur les boutons
     Les cousant dans mes rêves...


Les larmes perdues par Pip Culbert,  2012
Les larmes perdues, par Pip Culbert,  2012
©Collection IdL


Les Larmes Perdues ( Etat préparatoire)  © Collection  IdL


Les Larmes Perdues (Etat préliminaire - Matière brute avant travail)
© Collection IdL 

vendredi 21 septembre 2012

avec Marie Denis

Je suis à Saignon, en chambre d'hôte avec vue.. sur l'art, le verger, la nature..
Un vernissage en préparation.. la saison 2011 je crois.. La saison de Pâques et Kamila ouvre la Galerie.. un goûter aux saveurs polonaises parfume la maison.

Marie Denis est l'artiste invitée. Son travail.. un œuf gigogne gigantesque pétri de plusieurs essences de bois..
Je ferme les yeux.. il me revient alors.. le  parfum des forêts (le gemmage des pins des Landes) en lisière du Bassin d'Arcachon.. celui des copeaux de bois de chêne effilochés sur le sol d'un menuisier..la sciure.. c'est l'enfance!!

Marie Denis sera l'artiste qui, au fil de nos conversations, créera une grappe de raisins.. sculptée en bois.. elle sera vide, nue, effilochée de ses grains, ce que l'on nomme une " rafle ".. le squelette du fruit de la vigne.. telle l'image des panneaux des " Leçons de Choses " suspendus au tableau noir de nos écoles primaires, avant .. apprendre le pédoncule, la tige, le rameau, le sarment.

L'histoire du Vigneron !

 L'écrivaine Marie Desplechin accompagne l'œuvre de cette lettre :

" Chère Madame,

Il faudra s’y prendre avec une sorte de tendresse, le déposer doucement sur la table, veiller à ne pas le brusquer, à ne pas déranger la pose qu’il a prise, son déhanchement, l’abandon dans le bois clair. Il faudra garder à l’esprit de la pulpe ronde accrochée au bois, les raisins couleur d’eau ; c’est le passepasse de l’absence, tout ce qui manque s’impose, on voit plus, on voit mieux d’autant qu’on ne voit rien. Il faudra le soulever lentement, le soutenir par la nuque et le creux des genoux, l’allonger pieusement. Il faudra retrouver les gestes de Dionysos, quand il porte Ampelos qui vient d’expirer, piétiné par le taureau qu’il montait. Il emporte l’adolescent dans les bras, il le couche sur
un lit de feuilles, là, son premier amour. Plutôt que de le perdre, il le change en sarment. De son sang, il fait le vin, tout le vin sur la Terre ; avant le sang du Christ, c’est le sang d’Ampelos, prenez, buvez, souvenez-vous de lui. Le sarment, c’est son corps étendu, l’appui du coude, le dos cambré, l’arc des jambes, le cou qui ploie. 

Voilà pourquoi, quand vous le déposerez, il faudra, chère Madame, penser aux Pieta. Ce sont des corps dont l’absence est vivante, et qui renaissent toujours. 

Vous en garderez la promesse. "



Nue (La grappe de raisin) sculpture sur bois de Marie Denis, 2012
 © Collection IdL
(Cliquer sur les images pour les agrandir)  


Nue Détail © Collection IdL


Nue Détail © Collection IdL







Nue Détail © Collection IdL

Nue Détail © Collection IdL














Nue sculptures de Marie Denis, 2012 


 Gouache préparatoire à Nue © Marie Denis 





vendredi 16 mars 2012

avec Marcus Kreiss

Nous sommes au printemps 2012. La galerie de Kamila Regent est animée.. Une nouvelle proposition d'Art pour cette saison dont le porche s'ouvre le jour de Pâques.. Un départ qui redonne éclat et curiosité à ce bout de paradis encore un peu replié dans l'hiver.

Hélène est là. Elle tâtonne en art, mais les dessins à la craie de Marcus Kreiss retiennent son regard.. une Grande Tour de cet artiste effectuera alors très vite le voyage jusqu’à Bordeaux.

Je connais déjà Marcus.. un long travail de réflexion, ensemble, pour la mise en images d'un petit film " Fermer les volets ".. mais ceci est une autre histoire, un profond évènement dans mes déambulations de producteur éphémère..je vous la conterai, un jour, peut être..

Hélène grimpe alors dans l'atelier de la maison de cette Galerie. Là d'autres dessins de Marcus reposent dans des cartons un peu décolorés.. de précieux ouvrages qui constituent la richesse des lieux.. des étonnements, des " choses " oubliées, comme dans un grenier..  des wagons de mémoires s’ébrouent alors et se présentent, étonnés, à la clarté du présent.. l'instant présent, cette grande et belle doctrine au creux de laquelle nous essayons, chaque jour, de grappiller nos essentiels..
Je contemple aussi ce tourbillon de dessins qui, l'air de rien, commencent à joncher le plancher de cette réserve.

Je vous présente " NICE " une oeuvre qui secrètement m'entraîne à l’écart.. le manège du temps.. il y a ces craies fragiles, ces couleurs de terre et de sable.. un extrait de farniente, de soleil, de nostalgie grandiose.. un ailleurs rassurant !

Voyages, voyages..


Nice de Marcus Kreiss 1996  © Collection IdL


                
Détail
Détail
         

mercredi 15 février 2012

avec une maison en partance

Je passe là
Une maison en partance
Nomade

Peinture griffée
Poussière protectrice
Fagot craquelé
Pierre écorchée
Bois assoupi
Volet avachi..

Merci le temps de savoir conter toutes mes histoires..
Je me souviens..
La beauté ne s'efface pas..
Elle se replie !


                


               


               



                  

mercredi 1 février 2012

avec Adrien Sina


Des heures de promenade.. quête de petit bois, là haut en ce Lubéron recroquevillé dans les pénombres d'un hiver pâle tapissé d' humus parfumé.. des espoirs de truffes terreuses..
A mes côtés, Adrien Sina..
Marche silencieuse souvent, scandée seulement par les dires de cet artiste de connaissances.
Evoquer l'architecture, un univers qu'il a arpenté du Nord au Sud, d'Est en Ouest, en coupe, en diagonale.
Un projet élaboré quelques années auparavant accroche ma curiosité.. les chambres d'hôtel, refuges trop souvent enlaidis par des extérieurs farineux, confus, traversés des  empreintes d'une industrie envahissante.

Adrien pense des espaces " vue intérieure ".
Adrien, artiste.. vite..  l'urgence de retrouver du carton, des couleurs, un cutter, du plexiglas, de la colle, du blanc, de l'essence de térébenthine... des brindilles, des carcasses d' écorces.
L'installation au salon rouge.. une nuit de labeur.. badigeonner au matin les structures de blanc, planter, colorier.

L'oeuvre est là,  des tranches.. celles d'un hôtel avec vue intérieure.

Adrien Merci



      



     


     


 


  



L'œuvre terminée ©Adrien Sina ©IdL

samedi 28 janvier 2012

avec l'imprimeur

L'encre, le rouleau..
Le bleu s'étale..
Envie de tout gribouiller..
Les lettres alignées.. 
Le papier crisse
Toucher
Aimer la trame du chiffon pétri
L'odeur de l'école..
L'antichambre d'un texte..
L éditera


vendredi 27 janvier 2012

avec une maison de Saignon

L'hiver ne frissonne pas, ici, en cette maison gardienne de mille oeuvres d'artistes, petits tabernacles assoupis dans l'immensité du silence de ces mois mis entre parenthèses.. une sorte d'oubli, d'endormissement plutôt.. la rythmique des saisons.. les végétaux ont replié leurs allures de conquête et bâtissent, dans l'invisible de leur sève, des ramages qui sauront alors nous étonner encore..

Le travail de la pause.. de l'arrêt.. du recul.. le lointain en perspective..

Une articulation lente orchestrée par la rythmique d'un feu de bois, d'un chien assoupi devant les flammes, d'une clairière de bougies tremblantes, petites respirations fragiles déposées en un campement d'élégance sur ce plateau de bois..

Tout d'abord.. l'apprentissage, toujours très irréel, du clavier.. des combinaisons de fonctions, de services, de probabilités.. des croisements de notes.. de mots, des effets très acrobatiques.. main gauche, main droite.. l'émerveillement de tout un petit monde qui se met en marche,. la magie du virtuel.. désarticuler l'éveil d'une réflexion.. s'abandonner à la précision d'un outil, cet outil qui me permet de débarquer là, vertigineux plateau de vastes étendues..

Plonger dans le bain de l'aventure..

Oublier la gomme, le taille crayon, le papier calque.. le buvard.. regretter encore que l'encre ne colore plus mes doigts.. résister à l'envie brutale de froisser une  page.. ne pas pouvoir la jeter, rageuse, dans les braises..

M'appliquer pour vous dire, vous chuchoter, que c'est Là que j’ai rencontré les oeuvres qui ourlent les panneaux de son quotidien.. ces panneaux qui se présentent inlassablement, un jour après l'autre, à l'entreprise laborieuse d'une vie en accomplissement.. des oeuvres qui l'autorisent à laisser les jours filer.. ne plus s'attarder sur un hier embourbé déjà dans des tentatives de nostalgie.. ne plus caracoler vers un demain trop hâtif..

Les oeuvres cadencent désormais son temps entre aube et crépuscule.

Les oeuvres ce sont les artistes.

Les rencontrer.. une nécessité pour comprendre cette alchimie de l'accompagnement..
J’apprécie ces heures, ces jours, ces partages avec "ses" artistes,  tuteurs vigoureux, emprunts complices de la galerie de Kamila.
Je les écoute.. et je m’étonne d'un dialogue en continu, scandé par des silences.. des échanges.. des mises au point.. hantées par le seul souci de l'application, du mot juste, de la tâche de couleur franche, de la vérité, de leur vérité.. cette superbe palette aux contours modelés par leur seule vision..